La construction en bois prend de plus en plus de place dans la course vers une construction carboneutre, mais une question demeure : quoi faire à la fin du cycle de vie?

Pour la plupart des charpenteries légères, la réponse est la démolition, puis le dépotoir. Un nouveau guide technique propose cependant une voie d’avenir.

Une création de l’école d’architecture et d’architecture du paysage de l’université de la Colombie-Britannique avec l’aide du Conseil canadien du bois et Forestry Innovation Investment, le guide Design for Deconstruction in Light Wood Frame définit les grandes lignes d’une voie prometteuse pour les professionnels de l’industrie qui cherchent à intégrer les principes de l’économie circulaire sans compromettre la performance et les aspects pratiques.

Un cycle de vie à repenser

Au Canada, le secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition produit chaque année des millions de tonnes de déchets. Le bois représente une proportion élevée et, bien souvent, sa solidité structurelle est encore bonne, mais des adhésifs, des mousses et des attaches empêchent sa récupération.

La déconstruction, soit le démontage d’un bâtiment pour en récupérer les composantes, émerge comme un outil décisif de la lutte contre les déchets de construction. Cependant, si la conception n’est prévue à cet effet, même la meilleure équipe de démolition a ses limites.

Ce que le guide propose est un véritable changement de paradigme : ne plus voir les bâtiments comme des assemblages permanents, mais comme des banques de matériaux temporaires. Dans cette optique, une méthodologie pratique est proposée pour adapter les systèmes de charpenterie légère en vue du démontage, de la réutilisation et de la récupération des matériaux.

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Vers une économie circulaire

Le guide positionne la déconstruction comme une porte d’entrée vers une économie circulaire plus vaste dans le monde de la construction. Les matériaux pourraient alors servir pendant des générations. Ainsi, un morceau de bois pourrait se retrouver dans différents immeubles pendant des centaines d’années grâce à des processus de réutilisation, de reconditionnement et, finalement, de recyclage en isolation en fibre ou en panneaux de particules.

Pour faire de cette vision une réalité, il est nécessaire de moderniser les processus d’approvisionnement, la réglementation et les méthodes, mais aussi la conception des bâtiments et leurs spécifications. Le guide comprend une liste de vérification pratique pour inclure des stratégies de déconstruction dans la documentation et les pratiques de façon à aider les équipes à préparer les projets en vue d’un démontage futur.

De la maquette à la réalité

Pour démontrer la viabilité des solutions, l’équipe de recherche a construit une maquette à l’identique à l’aide des assemblages du guide. La construction a duré deux semaines et demie. Quant à elle, la déconstruction, incluant le tri des matériaux, n’a demandé que cinq heures.

Chaque composante, des plaques de parement en plâtre au bardage en passant par l’isolant, était intacte après le démontage et il a été possible d’en faire le tri pour les réutiliser. Il a même été possible de récupérer les vis. L’étude de cas est une preuve concrète du message du guide : les solutions proposées ne sont pas seulement de la théorie, elles sont prêtes à être mises en œuvre.

Mieux construire pour déconstruire

Une des principales qualités du guide est sa suite d’assemblage haute performance à partir de méthodes de construction familières. Par exemple, au lieu du pare-vapeur traditionnel, les murs misent sur une peinture pare-vapeur et sur des stratégies d’isolation qui laissent passer la vapeur. Pour les attaches, le guide préconise l’utilisation de vis, y compris dans les assemblages de murs de contreventement. Il s’agit d’une solution étayée par les directives publiées par FPInnovations et par les codes du bâtiment.

Parmi les solutions d’isolation, on suggère des panneaux de fibre de bois, de la natte isolante en chanvre, de l’isolant Rockwool avec des assemblages conçus pour rencontrer la valeur de résistance thermique R-22 dans les murs et faciliter l’adaptation aux conditions climatiques plus difficiles.

Des variations, comme un assemblage multicouche du toit pour éviter les longues vis à isolant, ou encore l’emploi de fenêtres sans rebords qui sont plus faciles à retirer, démontrent que des changements mineurs facilitent la récupérabilité d’un bâtiment à la fin de son cycle de vie.

Ces principes sont loin d’être abstraits. Le guide présente divers assemblages détaillés pour les murs, les toits, les fenêtres, les planchers et les fondations optimisés pour la récupération des matériaux sans sacrifier la conformité aux codes, ni la performance énergétique.

Empruntant aux normes canadiennes CSA sur la conception en vue du démontage, le guide divise son approche en six principes clairs adaptés aux charpenteries légères.

Polyvalence

Aménagements intérieurs et enveloppes polyvalents, comme des murs démontables et des cavités pour les services accessibles.

Interchangeabilité

Composantes qu’il est possible de remplacer ou de rénover sans altération majeure de la structure

Recyclabilité

Matériaux faciles à séparer et à reconditionner, comme l’isolation en fibre et les panneaux de bois usinés

La réutilisabilité

Composantes en bois non traités ou minimalement traités pour préserver l’intégrité structurelle

Simplicité

Standardisation des dimensions et des agencements pour faciliter à la fois la construction et la déconstruction

Capacité de démontage

Les six principes d’une construction réutilisable

Utilisation d’attaches mécaniques, et plus particulièrement de vis, au lieu d’adhésifs et de clous pour que les composantes puissent être retirées sans dommages

Boucler la boucle

La demande ne cesse de croître pour des bâtiments haute performance faibles en carbone, et l’industrie du bois est en bonne posture pour montrer la voie à suivre. Le guide Design for Deconstruction in Light Wood Frame donne les outils nécessaires pour passer à l’étape suivante, soit de concevoir des projets sans perdre de vue leur fin de vie.

Qu’il s’agisse d’un immeuble résidentiel à plusieurs étages ou d’un projet modulaire polyvalent, les architectes et les constructeurs peuvent maintenant compter sur des ressources détaillées et appuyées sur des données pour guider leurs décisions en vue de prolonger la durée de vie des matériaux et de réduire l’impact environnemental.

Le guide est une lecture essentielle pour tous ceux et celles qui croient que le vrai développement durable passe non seulement par une construction bien faite, mais aussi par une construction qui tient compte de l’avenir.

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La construction en bois prend de plus en plus de place dans la course vers une construction carboneutre, mais une question demeure : quoi faire à la fin du cycle de vie?

Pour la plupart des charpenteries légères, la réponse est la démolition, puis le dépotoir. Un nouveau guide technique propose cependant une voie d’avenir.

Une création de l’école d’architecture et d’architecture du paysage de l’université de la Colombie-Britannique avec l’aide du Conseil canadien du bois et Forestry Innovation Investment, le guide Design for Deconstruction in Light Wood Frame définit les grandes lignes d’une voie prometteuse pour les professionnels de l’industrie qui cherchent à intégrer les principes de l’économie circulaire sans compromettre la performance et les aspects pratiques.

Un cycle de vie à repenser

Au Canada, le secteur de la construction, de la rénovation et de la démolition produit chaque année des millions de tonnes de déchets. Le bois représente une proportion élevée et, bien souvent, sa solidité structurelle est encore bonne, mais des adhésifs, des mousses et des attaches empêchent sa récupération.

La déconstruction, soit le démontage d’un bâtiment pour en récupérer les composantes, émerge comme un outil décisif de la lutte contre les déchets de construction. Cependant, si la conception n’est prévue à cet effet, même la meilleure équipe de démolition a ses limites.

Ce que le guide propose est un véritable changement de paradigme : ne plus voir les bâtiments comme des assemblages permanents, mais comme des banques de matériaux temporaires. Dans cette optique, une méthodologie pratique est proposée pour adapter les systèmes de charpenterie légère en vue du démontage, de la réutilisation et de la récupération des matériaux.

Vers une économie circulaire

Le guide positionne la déconstruction comme une porte d’entrée vers une économie circulaire plus vaste dans le monde de la construction. Les matériaux pourraient alors servir pendant des générations. Ainsi, un morceau de bois pourrait se retrouver dans différents immeubles pendant des centaines d’années grâce à des processus de réutilisation, de reconditionnement et, finalement, de recyclage en isolation en fibre ou en panneaux de particules.

Pour faire de cette vision une réalité, il est nécessaire de moderniser les processus d’approvisionnement, la réglementation et les méthodes, mais aussi la conception des bâtiments et leurs spécifications. Le guide comprend une liste de vérification pratique pour inclure des stratégies de déconstruction dans la documentation et les pratiques de façon à aider les équipes à préparer les projets en vue d’un démontage futur.

De la maquette à la réalité

Pour démontrer la viabilité des solutions, l’équipe de recherche a construit une maquette à l’identique à l’aide des assemblages du guide. La construction a duré deux semaines et demie. Quant à elle, la déconstruction, incluant le tri des matériaux, n’a demandé que cinq heures.

Chaque composante, des plaques de parement en plâtre au bardage en passant par l’isolant, était intacte après le démontage et il a été possible d’en faire le tri pour les réutiliser. Il a même été possible de récupérer les vis. L’étude de cas est une preuve concrète du message du guide : les solutions proposées ne sont pas seulement de la théorie, elles sont prêtes à être mises en œuvre.

Ces principes sont loin d’être abstraits. Le guide présente divers assemblages détaillés pour les murs, les toits, les fenêtres, les planchers et les fondations optimisés pour la récupération des matériaux sans sacrifier la conformité aux codes, ni la performance énergétique.

Empruntant aux normes canadiennes CSA sur la conception en vue du démontage, le guide divise son approche en six principes clairs adaptés aux charpenteries légères.

Polyvalence

Aménagements intérieurs et enveloppes polyvalents, comme des murs démontables et des cavités pour les services accessibles.

Interchangeabilité

Composantes qu’il est possible de remplacer ou de rénover sans altération majeure de la structure

Recyclabilité

Matériaux faciles à séparer et à reconditionner, comme l’isolation en fibre et les panneaux de bois usinés

La réutilisabilité

Composantes en bois non traités ou minimalement traités pour préserver l’intégrité structurelle

Simplicité

Standardisation des dimensions et des agencements pour faciliter à la fois la construction et la déconstruction

Capacité de démontage

Les six principes d’une construction réutilisable

Utilisation d’attaches mécaniques, et plus particulièrement de vis, au lieu d’adhésifs et de clous pour que les composantes puissent être retirées sans dommages

Mieux construire pour déconstruire

Une des principales qualités du guide est sa suite d’assemblage haute performance à partir de méthodes de construction familières. Par exemple, au lieu du pare-vapeur traditionnel, les murs misent sur une peinture pare-vapeur et sur des stratégies d’isolation qui laissent passer la vapeur. Pour les attaches, le guide préconise l’utilisation de vis, y compris dans les assemblages de murs de contreventement. Il s’agit d’une solution étayée par les directives publiées par FPInnovations et par les codes du bâtiment.

Parmi les solutions d’isolation, on suggère des panneaux de fibre de bois, de la natte isolante en chanvre, de l’isolant Rockwool avec des assemblages conçus pour rencontrer la valeur de résistance thermique R-22 dans les murs et faciliter l’adaptation aux conditions climatiques plus difficiles.

Des variations, comme un assemblage multicouche du toit pour éviter les longues vis à isolant, ou encore l’emploi de fenêtres sans rebords qui sont plus faciles à retirer, démontrent que des changements mineurs facilitent la récupérabilité d’un bâtiment à la fin de son cycle de vie.

Boucler la boucle

La demande ne cesse de croître pour des bâtiments haute performance faibles en carbone, et l’industrie du bois est en bonne posture pour montrer la voie à suivre. Le guide Design for Deconstruction in Light Wood Frame donne les outils nécessaires pour passer à l’étape suivante, soit de concevoir des projets sans perdre de vue leur fin de vie.

Qu’il s’agisse d’un immeuble résidentiel à plusieurs étages ou d’un projet modulaire polyvalent, les architectes et les constructeurs peuvent maintenant compter sur des ressources détaillées et appuyées sur des données pour guider leurs décisions en vue de prolonger la durée de vie des matériaux et de réduire l’impact environnemental.

Le guide est une lecture essentielle pour tous ceux et celles qui croient que le vrai développement durable passe non seulement par une construction bien faite, mais aussi par une construction qui tient compte de l’avenir.

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